Le Conseil d’Étatet la justice administrativeune plateforme pour tout savoir

La justice administrative, comment ça marche ?

La justice
administrative,
comment ça
marche ?

Permis de construire, aides sociales, impôts… Tous les jours, l’administration prend des décisions qui vous concernent. Saviez-vous qu’il existe une justice administrative pour vérifier que ces décisions respectent le droit et vos libertés fondamentales ?

Lorsque vous êtes en conflit avec un particulier ou une entreprise, vous pouvez vous tourner vers la justice judiciaire. Ses fonctions sont bien connues : elle traite les crimes, les délits ou les différends entre personnes privées. Mais comment faire lorsque votre conflit vous oppose à une mairie, à un hôpital ou même au Gouvernement ? Dans ces cas, vous pouvez faire appel à la justice administrative. Les tribunaux administratifs, les cours administratives d’appel et le Conseil d’État tranchent les litiges des citoyens, entreprises et associations avec l’administration.

Connaissez-vous la justice administrative ?

Protéger vos droits et vos
libertés fondamentales

Chaque jour, les administrations publiques prennent des mesures qui concernent vos vies, qu’il s’agisse de santé publique, de droits sociaux, d’urbanisme, d’éducation, de sécurité… Si vous estimez que ces mesures sont illégales ou qu’elles ne respectent pas vos libertés fondamentales, vous pouvez saisir la justice administrative. Par exemple, vous pouvez considérer que la préfecture a injustement interdit la tenue d’une manifestation, que le projet de construction d’une route par le département porte atteinte à la protection des animaux, ou que la Direction générale des finances publiques vous impose des prélèvements trop élevés… En vérifiant que les actions de l’administration sont bien conformes au droit, les juges administratifs vous protègent des abus ou des erreurs.

Les 5 étapes
d'une décision de justice

Une justice administrative partout présente, et à votre disposition

Lorsque vous voulez saisir la justice administrative, deux situations sont possibles :

Si vous êtes en désaccord avec une mesure du Gouvernement ou d’une autre instance nationale, vous pouvez saisir directement le Conseil d’État

Si vous êtes en désaccord avec une mesure d’une instance locale ou départementale, comme une mairie ou une préfecture, vous saisissez d’abord le tribunal administratif le plus proche de chez vous. Il existe 42 tribunaux administratifs en France. En cas de désaccord avec la décision des magistrats du tribunal administratif, vous pourrez saisir l’une des 9 cours administratives d’appel. Le Conseil d’État pourra intervenir en dernier recours, cela s’appelle la cassation : le Conseil d’État est la plus haute juridiction administrative. Les tribunaux administratifs, les cours administratives d’appel et le Conseil d’État sont à votre disposition pour vérifier que vos droits et le droit sont respectés par toutes les administrations.

La justice administrative, c’est
4 201
personnes et
347 296
affaires jugées en 2021

Trouvez la juridiction administrative
la plus proche de chez vous

Limoges Poitiers Pau Bordeaux Nouvelle- Calédonie Polynésie française Wallis-et-Futuna Guyane française Mayotte Réunion Guadeloupe Martinique Saint-Martin Saint- Barthélemy Saint-Pierre- et-Miquelon Melun Montreuil Paris Orléans Cergy-Pontoise Versailles Toulon Nice Bastia Marseille Nantes Rennes Caen Lille Amiens Rouen Douai Montpellier Nîmes Toulouse Dijon Grenoble Clermont- Ferrand Lyon Châlon-en- champagne Besançon Strasbourg Nancy

Que peut la justice administrative pour faire respecter le droit et vos droits ?

Les juges administratifs rendent des décisions de justice, qui sont contraignantes. Cela veut dire qu’ils peuvent annuler la mesure d’une administration, l’obliger à prendre des actions particulières ou la condamner à réparer les dommages qu’elle vous aurait causés. Lorsque la justice administrative ordonne une action, elle peut vérifier que cette action est bien exécutée par l’administration. Et si elle estime que ce n’est pas le cas, elle peut contraindre l’administration, par exemple en lui imposant le paiement d’astreintes.

Lorsqu’en 2021, des associations saisissent le Conseil d’État parce que les seuils de pollution de l’air sont dépassés dans plusieurs grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille, le Conseil d’État condamne l’État à payer 10 millions d’euros d’astreinte par semestre tant qu’il ne respectera pas le droit, au bénéfice d’associations et organismes de protection de l’environnement.

L’agent du greffe accueille les requérants en semaine pour les aider à déposer leurs recours.
EN PRATIQUE

Comment saisir la justice administrative ?

Pour déposer un recours, vous disposez de trois moyens :

Internet : avec la plateforme Télérecours citoyens qui permet de déposer votre recours en ligne.

La voie postale.

En mains propres à l’accueil du greffe de la juridiction.

Au Conseil d’État, il est le plus souvent obligatoire de se faire représenter par un avocat. C’est aussi le cas pour saisir une cour administrative d’appel. En revanche, pour saisir un tribunal administratif, vous n’avez pas besoin d’avocat dans la majorité des cas.

EN CAS D’URGENCE

Vous pouvez saisir la justice administrative en référé

Certaines mesures prises par l’administration ont des conséquences immédiates sur vos vies, et doivent pouvoir être contestées en urgence. C’est pourquoi il existe une procédure d’urgence appelée le « référé ». Lorsque vous saisissez le juge des référés du tribunal administratif ou du Conseil d’État, la procédure est simplifiée et le juge peut rendre sa décision de justice en quelques jours, voire en quelques heures si nécessaire.

Pour aller plus loin

Le droit, c'est quoi ?

Les métiers de la justice administrative

Les décisions de justice dans votre quotidien

En tant que magistrate au tribunal administratif, ma mission est de rendre la justice. Nous intervenons en premier ressort : concrètement, c’est à nous que va s’adresser un citoyen s’il a un litige avec une administration. Notre rôle est d’apporter une solution par le droit lorsque les parties n’arrivent plus à discuter. Tous ne peuvent pas être satisfaits, mais c’est une étape essentielle pour pacifier la société et garantir l’État de droit. Le magistrat est un juge de proximité. Tout d’abord parce que les matières qu’il traite affectent le quotidien des citoyens : travaux d’urbanisme, impôt sur le revenu, responsabilité d’un hôpital… Mais aussi parce qu’on peut le saisir facilement, grâce à Télérecours, et sans avocat dans la plupart des cas. Pour autant, le langage et le raisonnement juridiques peuvent sembler obscurs aux citoyens. Lors des audiences, tout en m’adressant aux juges, je cherche à expliciter aux citoyens le droit qui s’applique à leur situation, surtout quand ils n’ont pas d’avocat. Mon objectif est qu’ils comprennent mieux la décision qui sera finalement prise par les juges.

Le rôle du greffe, c’est d’accompagner les recours des citoyens, du dépôt à l’accueil du tribunal ou via Internet, jusqu’au jugement. À chaque étape, il garantit la solidité de la procédure. Nous aidons tout d’abord les citoyens à formaliser leurs demandes, à inclure toutes les pièces nécessaires pour que leurs recours soient complets et qu’ils ne soient pas rejetés dès cette première étape. Par cet appui purement formel, nous faisons gagner du temps à tout le monde : nous n’intervenons pas sur les questions juridiques mais nous permettons au débat de se concentrer sur le fond. Et lorsque c’est possible, nous suggérons la médiation, moins longue et parfois plus adaptée qu’un procès. Au cours de l’instruction et jusqu’à l’audience, les greffiers font vivre le principe du contradictoire : ils appuient les magistrats pour assurer la circulation des arguments entre les citoyens et les administrations mises en cause. Enfin, nous jouons un rôle d’information essentiel pour les citoyens : à l’issue d’un jugement, nous leur indiquons comment contester la décision s’ils l’estiment injuste.

Qui adopte la réglementation ?

Le Président de la République, le Gouvernement.

Les décrets, qui sont les actes les plus importants, sont signés par le Président de la République ou par le Premier ministre. Les arrêtés sont signés par les ministres dans leur champ de compétence.

Il existe aussi des réglementations locales, adoptées par les préfets ou par les élus locaux.

Comment est fabriquée la réglementation ?

Les décrets les plus importants sont examinés par le Conseil d’État. Comme pour les projets de loi, le Conseil d’État rend un avis juridique au Gouvernement. Il propose des modifications pour que les futurs décrets respectent le droit, qu’ils soient compréhensibles, applicables et cohérents avec les lois et les autres réglementations.

Le Gouvernement prend environ 2 000 décrets réglementaires par an, dont 1/3 est examiné par le Conseil d’État.

Qui vote les lois ?

Les députés et sénateurs. 

Comment sont fabriquées les lois ?

 Les députés et sénateurs débattent et votent la loi, sur la base de :

projets du Gouvernement, soumis obligatoirement au Conseil d’État pour avis,

propositions de parlementaires, examinées par le Conseil d’État si les présidents de l’Assemblée nationale ou du Sénat en ont fait la demande.

Il y a environ 50 lois votées par an. Les 2/3 le sont sur la base de projets de loi du Gouvernement, 1/3 sur la base de propositions de loi de députés et de sénateurs.

Découvrez le parcours d’une loi en 5 étapes !

Qui élabore le droit européen ?

Le droit européen est adopté par le Parlement européen, composé des députés européens élus par tous les habitants de l’Union européenne, et par le Conseil de l’Union européenne, qui regroupe les ministres des différents pays membres. 

Comment est fabriqué le droit européen ?

Les directives et règlements sont adoptés par le Parlement européen et le Conseil de l’Union, à partir de propositions de la Commission européenne. Il y a environ 25 réglements et 60 directives adoptés par an.

Qui a adopté la Constitution ?

Elle a été adoptée en 1958 par les Français par un référendum.

Comment est fabriquée la Constitution ?

Parce qu’elle établit les grands principes d’organisation du pays, la Constitution n’a pas vocation à être modifiée très régulièrement. Depuis 1958, elle a été modifiée à 24 reprises. Elle peut être modifiée à l’initiative du Président de la République ou des parlementaires.

• Le Président de la République peut proposer une modification de la Constitution : elle devra être adoptée par lAssemblée nationale et le Sénat puis approuvée par les Français par référendum ou par les trois cinquièmes des députés et sénateurs.

• Si la proposition de modification de la Constitution provient du Parlement, celle-ci ne pourra être adoptée que par référendum.