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Le droit,
c’est quoi ?

Le droit,
C'est quoi ?

Le droit, c’est l’ensemble des règles qui régissent notre société. Il s’impose à tous – citoyens comme institutions – et définit vos droits et vos devoirs. Comment est-il fabriqué et par qui ? Pourquoi est-ce une garantie pour vous ?

Le droit, ce sont les règles qui organisent la vie en société. Grâce à lui, les droits et les devoirs des citoyens sont clairement définis. Chaque citoyen peut savoir ce qui est autorisé (« légal ») ou interdit (« illégal »). Chaque citoyen est protégé. Sans que vous vous en rendiez compte, le droit est présent dans votre quotidien : dans les relations entre les personnes ou les entreprises, mais aussi dans le fonctionnement des administrations publiques et des institutions.

Le droit accompagne les mutations de la société, il évolue donc avec le temps. Chaque année, de nouvelles règles sont créées, adaptées ou modifiées pour tenir compte des évolutions sociales, économiques, environnementales, technologiques, scientifiques… Et parce que la France est une démocratie, le peuple a le pouvoir de créer ou de contrôler le droit par le vote.

De quoi est composé le droit ?

La Constitution française établit les grands principes d’organisation du pays et les principaux droits et libertés garantis aux citoyens : égalité de toutes et tous devant la loi, vote au suffrage universel, respect de toutes les croyances…

Elle exprime les valeurs et les aspirations des citoyens, par exemple dans la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » ou dans la définition d’une république laïque, démocratique et sociale.

Comment est fabriquée la Constitution ?

Le droit européen, ce sont des règles qui s’appliquent aux 27 pays membres de l’Union européenne. Il a vocation à permettre d’accomplir les objectifs de l’Union européenne, c’est-à-dire d’atteindre plus efficacement, ensemble, des objectifs qui ne peuvent être réalisés de manière suffisante par les États membres individuellement. Ces règles concernent des champs particuliers : commerce entre les pays, environnement, consommation, libertés des citoyens, sécurité…

Le droit européen est constitué des traités fondateurs que sont le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (Rome, 1957) et le traité sur l’Union européenne (Maastricht, 1992). Mais aussi des directives et des règlements adoptés par le Parlement européen et par le Conseil au sein duquel sont représentés l’ensemble des gouvernements des États membres.
• Les règlements sont directement et entièrement applicables dans tous les États membres de l’Union européenne.
• Les directives fixent des objectifs à tous les pays de l’Union européenne en laissant à chaque pays le choix des mesures pour les atteindre.

Comment est fabriqué le droit européen ?

Les lois sont les règles les plus importantes de la vie du pays, qui organisent votre quotidien dans toutes ses dimensions.

Comment sont fabriquées les lois ?

La réglementation, ce sont les mesures (décrets, arrêtés) prises par le Gouvernement pour faire appliquer les lois dans votre quotidien ou pour conduire la politique du pays, notamment en matière de maintien de l’ordre ou d’organisation des services publics.

Comment est fabriquée la réglementation ?
Fabriquer une loi
en 5 étapes

Le droit : un système hiérarchisé

Comment s’y retrouver devant autant de règles ? Si une loi entre en conflit avec une réglementation, comment savoir ce qui doit être suivi ? La réponse, c’est la hiérarchie des normes.

La hiérarchie des normes est l’idée selon laquelle les éléments qui composent le droit ne sont pas tous au même niveau. Dans la hiérarchie des normes, la Constitution est la norme suprême. Elle est au-dessus du droit européen, qui est au-dessus des lois, elles-mêmes au-dessus de la réglementation. Concrètement, une loi qui ne respecte pas la Constitution ne peut pas être promulguée, parce que la Constitution se situe au-dessus des lois dans la hiérarchie des normes. De la même manière, les lois françaises et la réglementation doivent respecter le droit européen.

L’État de droit,
une garantie pour les citoyens

En France, nous vivons dans un État de droit. Cela veut dire que tout le monde bénéficie de libertés, mais également que tout le monde doit respecter le droit, citoyens comme administrations. Les écoles publiques, mairies, hôpitaux, préfectures et autres administrations, jusqu’au Gouvernement, sont soumis au droit, comme n’importe quel citoyen français. Concrètement : si une mairie enfreint le droit, il est possible de saisir un juge. Cela vaut aussi bien pour la violation d’une loi française, d’une directive européenne ou encore d’un article de la Constitution.

Comment est-il possible que le Gouvernement ou qu’une autre administration prenne une action qui ne soit pas légale ? Cela peut arriver lorsqu’une administration interprète mal ou néglige une règle de droit, qu’elle ne respecte pas la hiérarchie des normes ou qu’elle restreint injustement une de vos libertés. Elle peut également agir en dehors de la légalité lorsqu’elle manque à ses obligations, comme la protection et la sécurité des citoyens, ou l’accessibilité d’un service public.

Qu’est-ce que l’État de droit ?

Qu’est-ce que l’État de droit ?

Qu’est-ce que l’État de droit ?

Le droit

Le droit s’impose à tous. Il regroupe l’ensemble des normes internationales, européennes et françaises, hiérarchisées entre elles.

L’administration et les citoyens doivent respecter le droit

L’administration

L’administration prend des mesures et édicte des règles qui concernent tous les citoyens dans leur vie quotidienne.

Actions de l’administration sur les citoyens

Les citoyens

Les citoyens peuvent contester les actions de l’administration s’ils estiment qu’elles ne respectent pas le droit.

Dépôts de recours

La justice

administrative

Les juges administratifs vérifient que l’administration respecte le droit.

Contrôle le respect du droit

Protéger le droit et vos droits : la justice administrative

Mais comment peut-on vérifier qu’une administration respecte bien le droit ? C’est à la portée de tous ! N’importe quel citoyen qui estime qu’une administration n’agit pas en accord avec le droit peut saisir la justice administrative. Celle-ci est constituée des tribunaux administratifs, des cours administratives d’appel et du Conseil d’État. Il existe aussi des juridictions spécialisées comme la Cour nationale du droit d’asile.

La justice administrative est un maillon essentiel de l’État de droit : c’est elle qui vérifie que l’administration respecte le droit, au même titre que les citoyens. C’est aussi elle qui vérifie que vos droits fondamentaux sont respectés ou, du moins, que les atteintes portées à vos droits fondamentaux sont raisonnables et justifiées.

Par exemple, pour assurer la sécurité dans sa commune, un maire peut interdire la tenue d’une manifestation, portant ainsi atteinte à votre liberté de manifester. La justice administrative peut être saisie pour vérifier que cette interdiction est justifiée et qu’elle n’est pas disproportionnée par rapport au risque encouru.

Examiner les futures lois : le Conseil d’État

Vous l’aurez compris, la justice administrative intervient lorsqu’une infraction possible au droit existant a été signalée. Mais qu’en est-il lorsque du nouveau droit est créé par le Gouvernement et les parlementaires ? Quel contrôle des lois et de la réglementation avant qu’elles n’entrent en vigueur ?

Là aussi, le Conseil d’État entre en jeu. Il a pour mission de vérifier que le droit et vos libertés sont respectés dans les futures lois et réglementations. Il examine tous les projets de loi du Gouvernement, ainsi que certaines propositions de lois des parlementaires.

Par exemple, si le Gouvernement souhaite réformer l’accès au lycée, autoriser un produit phytosanitaire ou encore interdire une pratique, le Conseil d’État vérifiera que le texte de la nouvelle loi ou du nouveau décret est bien conforme au droit et à vos libertés, avant même que celui-ci entre en vigueur.

Il pourra ainsi vérifier que vous ne vous retrouverez pas face à deux lois qui se contredisent, face à une loi qui ne pourra avoir d’effet car elle est en contradiction avec le droit européen, ou face à une réglementation trop floue ou contraignante et inapplicable dans votre quotidien.

En vérifiant que le Gouvernement et les parlementaires respectent aussi le droit dans les projets et propositions qu’ils formulent pour le pays, le Conseil d’État préserve l’État de droit et protège vos libertés.

AU FAIT

Qu’est-ce qu’une liberté ou un droit fondamental ?

Les libertés fondamentales des citoyens proviennent du préambule de la Constitution de 1958. Celui-ci regroupe la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, la Constitution de 1946 et la Charte de l’environnement. Elles proviennent également de la Convention européenne des droits de l’homme.

Le nombre de ces droits et libertés peut augmenter au fil des décisions de justice. Ainsi, une décision rendue en 2020 par le Conseil d’État reconnaît la liberté de création artistique comme une liberté fondamentale.

On en distingue quatre types :

• les droits inhérents à la personne humaine comme l’égalité, la sûreté, la propriété ou la résistance à l’oppression ;

• les droits qui sont des aspects ou des conséquences des précédents, comme le suffrage universel, l’égalité des sexes, l’expression ou le culte ;

• les droits sociaux et économiques, comme l’emploi, la protection de la santé ou la gratuité de l’enseignement public ;

• et les droits de « troisième génération », comme le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé et des personnes.
Pour aller plus loin

La justice administrative, comment ça marche ?

Les métiers de la justice administrative

Les décisions de justice dans votre quotidien

En tant que magistrate au tribunal administratif, ma mission est de rendre la justice. Nous intervenons en premier ressort : concrètement, c’est à nous que va s’adresser un citoyen s’il a un litige avec une administration. Notre rôle est d’apporter une solution par le droit lorsque les parties n’arrivent plus à discuter. Tous ne peuvent pas être satisfaits, mais c’est une étape essentielle pour pacifier la société et garantir l’État de droit. Le magistrat est un juge de proximité. Tout d’abord parce que les matières qu’il traite affectent le quotidien des citoyens : travaux d’urbanisme, impôt sur le revenu, responsabilité d’un hôpital… Mais aussi parce qu’on peut le saisir facilement, grâce à Télérecours, et sans avocat dans la plupart des cas. Pour autant, le langage et le raisonnement juridiques peuvent sembler obscurs aux citoyens. Lors des audiences, tout en m’adressant aux juges, je cherche à expliciter aux citoyens le droit qui s’applique à leur situation, surtout quand ils n’ont pas d’avocat. Mon objectif est qu’ils comprennent mieux la décision qui sera finalement prise par les juges.

Le rôle du greffe, c’est d’accompagner les recours des citoyens, du dépôt à l’accueil du tribunal ou via Internet, jusqu’au jugement. À chaque étape, il garantit la solidité de la procédure. Nous aidons tout d’abord les citoyens à formaliser leurs demandes, à inclure toutes les pièces nécessaires pour que leurs recours soient complets et qu’ils ne soient pas rejetés dès cette première étape. Par cet appui purement formel, nous faisons gagner du temps à tout le monde : nous n’intervenons pas sur les questions juridiques mais nous permettons au débat de se concentrer sur le fond. Et lorsque c’est possible, nous suggérons la médiation, moins longue et parfois plus adaptée qu’un procès. Au cours de l’instruction et jusqu’à l’audience, les greffiers font vivre le principe du contradictoire : ils appuient les magistrats pour assurer la circulation des arguments entre les citoyens et les administrations mises en cause. Enfin, nous jouons un rôle d’information essentiel pour les citoyens : à l’issue d’un jugement, nous leur indiquons comment contester la décision s’ils l’estiment injuste.

Qui adopte la réglementation ?

Le Président de la République, le Gouvernement.

Les décrets, qui sont les actes les plus importants, sont signés par le Président de la République ou par le Premier ministre. Les arrêtés sont signés par les ministres dans leur champ de compétence.

Il existe aussi des réglementations locales, adoptées par les préfets ou par les élus locaux.

Comment est fabriquée la réglementation ?

Les décrets les plus importants sont examinés par le Conseil d’État. Comme pour les projets de loi, le Conseil d’État rend un avis juridique au Gouvernement. Il propose des modifications pour que les futurs décrets respectent le droit, qu’ils soient compréhensibles, applicables et cohérents avec les lois et les autres réglementations.

Le Gouvernement prend environ 2 000 décrets réglementaires par an, dont 1/3 est examiné par le Conseil d’État.

Qui vote les lois ?

Les députés et sénateurs. 

Comment sont fabriquées les lois ?

 Les députés et sénateurs débattent et votent la loi, sur la base de :

projets du Gouvernement, soumis obligatoirement au Conseil d’État pour avis,

propositions de parlementaires, examinées par le Conseil d’État si les présidents de l’Assemblée nationale ou du Sénat en ont fait la demande.

Il y a environ 50 lois votées par an. Les 2/3 le sont sur la base de projets de loi du Gouvernement, 1/3 sur la base de propositions de loi de députés et de sénateurs.

Découvrez le parcours d’une loi en 5 étapes !

Qui élabore le droit européen ?

Le droit européen est adopté par le Parlement européen, composé des députés européens élus par tous les habitants de l’Union européenne, et par le Conseil de l’Union européenne, qui regroupe les ministres des différents pays membres. 

Comment est fabriqué le droit européen ?

Les directives et règlements sont adoptés par le Parlement européen et le Conseil de l’Union, à partir de propositions de la Commission européenne. Il y a environ 25 réglements et 60 directives adoptés par an.

Qui a adopté la Constitution ?

Elle a été adoptée en 1958 par les Français par un référendum.

Comment est fabriquée la Constitution ?

Parce qu’elle établit les grands principes d’organisation du pays, la Constitution n’a pas vocation à être modifiée très régulièrement. Depuis 1958, elle a été modifiée à 24 reprises. Elle peut être modifiée à l’initiative du Président de la République ou des parlementaires.

• Le Président de la République peut proposer une modification de la Constitution : elle devra être adoptée par lAssemblée nationale et le Sénat puis approuvée par les Français par référendum ou par les trois cinquièmes des députés et sénateurs.

• Si la proposition de modification de la Constitution provient du Parlement, celle-ci ne pourra être adoptée que par référendum.