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Les métiers de conseil juridique

Les métiers de
conseil
juridique

Au Conseil d’État, ils et elles s’assurent que les projets de lois sont clairs, efficaces et qu’ils respectent le droit. Découvrez les différents métiers de conseil juridique et les missions de chacun et chacune.

Qui garantit l'efficacité et la légalité des projets de lois ?

Qui garantit l'efficacité et la légalité des projets de lois ?

Qui garantit l'efficacité et la légalité des projets de lois ?

« La collégialité est la garantie d’un avis impartial et solide »

Avec JEAN LESSI, rapporteur à la section sociale du Conseil d’État.

Garant d’une loi compréhensible et applicable, le Conseil d’État joue un rôle clé dans l’élaboration du droit. Dans ce rôle de conseil juridique, le rapporteur occupe une place centrale. Décryptage en compagnie de Jean Lessi, rapporteur à la section sociale.

À quoi ressemble votre quotidien de rapporteur ?

Mon quotidien est rythmé par les trois étapes d’examen d’un texte. La première consiste à échanger avec les ministères ou les parlementaires pour comprendre les objectifs qu’il y a derrière les mesures qu’ils proposent dans leurs projets de texte. Par exemple, si leur projet de loi concerne l’amélioration du fonctionnement des hôpitaux, dans quel but proposent-ils de modifier leur gouvernance ou leur financement ? Mon rôle n’est pas de me prononcer sur les choix politiques, mais de m’assurer qu’il n’existe pas d’obstacle juridique aux mesures proposées et de trouver des solutions le cas échéant. C’est aussi de vérifier que la rédaction du texte permet réellement d’atteindre l’objectif visé.

En amont et en aval des échanges, j’étudie les textes individuellement. Cette prise de recul est indispensable face à la complexité croissante du droit comme des sujets abordés. Ce n’est pas un travail en solitaire pour autant : je dialogue avec mes collègues pour saisir au mieux les enjeux concrets, sur le terrain, d’un projet de loi ou de décret. C’est un apprentissage permanent.

La troisième étape est l’examen collégial du projet par la section concernée ou en assemblée générale pour les projets les plus importants. Je présente le texte, les réponses que je propose d’apporter aux questions qu’il soulève, et une nouvelle rédaction. Cette phase est essentielle, car c’est du débat collectif que naît la vision juste d’un texte, non plus celle du seul rapporteur mais celle de l’institution.

Quels critères vous guident pour élaborer un avis ?

Tout d’abord, je vérifie que le projet respecte les normes qui lui sont supérieures, comme la Constitution ou les traités européens. Ce principe, appelé hiérarchie des normes, est à la base de l’État de droit. Si l’on étudie un texte sur l’application TousAntiCovid, on s’assurera par exemple qu’il respecte le règlement général sur la protection des données (RGPD). À ce contrôle vertical s’ajoute un contrôle horizontal : le projet doit être cohérent avec les règles de même niveau déjà existantes, les autres lois ou décrets… Imaginez-vous face à deux lois qui se contredisent : personne ne saurait quoi faire !

Je dois également veiller à ce que les textes de loi soient clairs et compréhensibles. Si cela représente un défi permanent car le droit est de plus en plus complexe, c’est un enjeu démocratique essentiel : chacun doit pouvoir comprendre la loi. Enfin, j’envisage les projets sous un angle opérationnel : peuvent-ils être appliqués dans la pratique ? Les délais imposés aux citoyens ou aux entreprises pour répondre à une demande de l’administration sont-ils raisonnables ?

En séance de section, les échanges commencent avec le rapporteur sur le projet ou la proposition de loi. De cette collégialité émergent les meilleures solutions aux problèmes soulevés par les textes.

En quoi l’indépendance est-elle essentielle à votre mission de conseil juridique ?

L’indépendance du conseiller juridique, comme du juge d’ailleurs, est la condition de sa légitimité et de son efficacité. Un avis utile n’est ni complaisant, ni systématiquement critique. La collégialité est la garantie d’un avis impartial et solide. C’est collectivement que naissent les bons diagnostics et les bonnes solutions, et c’est collectivement qu’ils sont approuvés, par consensus ou par vote.

Être indépendant, c’est aussi savoir se détacher du calendrier politique, au rythme parfois frénétique. Nous répondons toujours aux vraies urgences, mais la solidité de l’avis est essentielle. Parfois il est nécessaire de prolonger un peu l’examen d’un texte. Notre rôle est de penser l’action publique dans le temps long, ce qui suppose parfois une prise de distance, un pas de côté. Cela n’est possible que parce que nous sommes indépendants.

« Il est important de rappeler que notre mission est fixée par la Constitution : au service de l’intérêt général, nous veillons à l’équilibre entre les nécessités de l’action publique et les droits des citoyens. »

Quel rôle le conseil juridique joue-t-il dans la vie des citoyens et dans notre société ?

Pour les citoyens, l’existence du conseil juridique est d’abord la garantie qu’un regard impartial a été posé sur les textes de loi. Il est important de rappeler que notre mission est fixée par la Constitution : au service de l’intérêt général, nous veillons à l’équilibre entre les nécessités de l’action publique et les droits des citoyens. À titre d’exemple, dans son projet de loi confortant le respect des principes de la République, le Gouvernement envisageait d’interdire, sauf exceptions, l’éducation à domicile. Le Conseil d’État a proposé de l’autoriser, mais uniquement après accord de l’administration, pour garantir la liberté d’instruction tout en évitant d’éventuelles dérives.

Enfin, la publication des avis du Conseil d’État nourrit le débat démocratique. En proposant des solutions, nous montrons que l’on peut sortir d’un affrontement binaire et qu’une perspective nuancée n’est pas synonyme d’inaction.

Métier : Rapporteure

Pour aller plus loin
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Les avis juridiques dans votre quotidien

En tant que magistrate au tribunal administratif, ma mission est de rendre la justice. Nous intervenons en premier ressort : concrètement, c’est à nous que va s’adresser un citoyen s’il a un litige avec une administration. Notre rôle est d’apporter une solution par le droit lorsque les parties n’arrivent plus à discuter. Tous ne peuvent pas être satisfaits, mais c’est une étape essentielle pour pacifier la société et garantir l’État de droit. Le magistrat est un juge de proximité. Tout d’abord parce que les matières qu’il traite affectent le quotidien des citoyens : travaux d’urbanisme, impôt sur le revenu, responsabilité d’un hôpital… Mais aussi parce qu’on peut le saisir facilement, grâce à Télérecours, et sans avocat dans la plupart des cas. Pour autant, le langage et le raisonnement juridiques peuvent sembler obscurs aux citoyens. Lors des audiences, tout en m’adressant aux juges, je cherche à expliciter aux citoyens le droit qui s’applique à leur situation, surtout quand ils n’ont pas d’avocat. Mon objectif est qu’ils comprennent mieux la décision qui sera finalement prise par les juges.

Le rôle du greffe, c’est d’accompagner les recours des citoyens, du dépôt à l’accueil du tribunal ou via Internet, jusqu’au jugement. À chaque étape, il garantit la solidité de la procédure. Nous aidons tout d’abord les citoyens à formaliser leurs demandes, à inclure toutes les pièces nécessaires pour que leurs recours soient complets et qu’ils ne soient pas rejetés dès cette première étape. Par cet appui purement formel, nous faisons gagner du temps à tout le monde : nous n’intervenons pas sur les questions juridiques mais nous permettons au débat de se concentrer sur le fond. Et lorsque c’est possible, nous suggérons la médiation, moins longue et parfois plus adaptée qu’un procès. Au cours de l’instruction et jusqu’à l’audience, les greffiers font vivre le principe du contradictoire : ils appuient les magistrats pour assurer la circulation des arguments entre les citoyens et les administrations mises en cause. Enfin, nous jouons un rôle d’information essentiel pour les citoyens : à l’issue d’un jugement, nous leur indiquons comment contester la décision s’ils l’estiment injuste.

Qui adopte la réglementation ?

Le Président de la République, le Gouvernement.

Les décrets, qui sont les actes les plus importants, sont signés par le Président de la République ou par le Premier ministre. Les arrêtés sont signés par les ministres dans leur champ de compétence.

Il existe aussi des réglementations locales, adoptées par les préfets ou par les élus locaux.

Comment est fabriquée la réglementation ?

Les décrets les plus importants sont examinés par le Conseil d’État. Comme pour les projets de loi, le Conseil d’État rend un avis juridique au Gouvernement. Il propose des modifications pour que les futurs décrets respectent le droit, qu’ils soient compréhensibles, applicables et cohérents avec les lois et les autres réglementations.

Le Gouvernement prend environ 2 000 décrets réglementaires par an, dont 1/3 est examiné par le Conseil d’État.

Qui vote les lois ?

Les députés et sénateurs. 

Comment sont fabriquées les lois ?

 Les députés et sénateurs débattent et votent la loi, sur la base de :

projets du Gouvernement, soumis obligatoirement au Conseil d’État pour avis,

propositions de parlementaires, examinées par le Conseil d’État si les présidents de l’Assemblée nationale ou du Sénat en ont fait la demande.

Il y a environ 50 lois votées par an. Les 2/3 le sont sur la base de projets de loi du Gouvernement, 1/3 sur la base de propositions de loi de députés et de sénateurs.

Découvrez le parcours d’une loi en 5 étapes !

Qui élabore le droit européen ?

Le droit européen est adopté par le Parlement européen, composé des députés européens élus par tous les habitants de l’Union européenne, et par le Conseil de l’Union européenne, qui regroupe les ministres des différents pays membres. 

Comment est fabriqué le droit européen ?

Les directives et règlements sont adoptés par le Parlement européen et le Conseil de l’Union, à partir de propositions de la Commission européenne. Il y a environ 25 réglements et 60 directives adoptés par an.

Qui a adopté la Constitution ?

Elle a été adoptée en 1958 par les Français par un référendum.

Comment est fabriquée la Constitution ?

Parce qu’elle établit les grands principes d’organisation du pays, la Constitution n’a pas vocation à être modifiée très régulièrement. Depuis 1958, elle a été modifiée à 24 reprises. Elle peut être modifiée à l’initiative du Président de la République ou des parlementaires.

• Le Président de la République peut proposer une modification de la Constitution : elle devra être adoptée par lAssemblée nationale et le Sénat puis approuvée par les Français par référendum ou par les trois cinquièmes des députés et sénateurs.

• Si la proposition de modification de la Constitution provient du Parlement, celle-ci ne pourra être adoptée que par référendum.