L’État de droit,

c’est quoi ?

En France, nous vivons dans un État de droit. Cela veut dire que le droit s’applique à tous : tout le monde bénéficie de libertés et doit respecter les règles, citoyens comme administrations.

L’État de droit : une garantie pour les citoyens

L’État de droit veille à ce que les règles qui garantissent nos droits et nos libertés soient respectées par l’administration et les citoyens. Il nous protège contre toute forme d’injustice, de tyrannie ou d’abus de pouvoir. Il crée les conditions d’une société où chacun peut vivre librement dans le respect des autres. Sans État de droit, c’est le règne de la loi du plus fort.

L’État de droit existe à trois conditions :

  • Les règles de droit doivent être choisies de façon démocratique – elles doivent être décidées par des personnes désignées par le peuple ou directement par le peuple lui-même pour être légitimes – et garantir des libertés et droits fondamentaux.
  • Les règles de droit doivent s’appliquer à tous sans distinction. Dans un État de droit, personne n’est au-dessus des règles, personne ne peut les éviter ou les contourner. Toutes les administrations – mairies, préfectures, écoles publiques, hôpitaux – et même le Gouvernement, sont soumis au droit comme n’importe quel citoyen français.
  • Une justice indépendante doit exister pour vérifier que ces règles sont respectées. La justice doit pouvoir rendre des jugements impartiaux, sans influence extérieure, et ainsi veiller à ce que tout le monde respecte les règles de droit. Pour cela, ceux qui jugent ne doivent pas être ceux qui font la loi ou qui la font exécuter au quotidien : c’est la séparation des pouvoirs.

La séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice

Pour garantir le bon fonctionnement de la démocratie et de l’État de droit, et le respect des libertés de chacun, il est essentiel que les pouvoirs ne soient pas détenus par une seule personne ou une seule institution.

Imaginons une personne chargée à la fois d’élaborer la loi et de juger ceux qui l’enfreignent : elle pourrait modifier la règle pour condamner quelqu’un ou innocenter les personnes qu’elle souhaite, selon ses intérêts. Autre exemple : un gouvernement qui disposerait du double pouvoir de mettre en œuvre la loi et de juger son application. Il pourrait alors utiliser la justice pour éliminer toute opposition politique en s’assurant que les verdicts sont favorables à ses intérêts.

La concentration des pouvoirs amène à la tyrannie et permet l’exercice du pouvoir sans aucun contrôle. Pour prévenir ces risques, ceux qui font la loi ne doivent pas être ceux qui la mettent en œuvre au quotidien, ni ceux qui jugent qu’elle est correctement appliquée. C’est pourquoi en France, et dans toutes les démocraties, le pouvoir est divisé en trois branches, chacune confiée à des institutions différentes.

C’est ce qui garantit que la justice est indépendante en France et qu’elle rend des décisions impartiales.

Le pouvoir législatif

C’est lui qui fait la loi.

Qui l’exerce?

Le Parlement
(députés à l’Assemblée nationale et sénateurs au Sénat).

Le pouvoir exécutif

C’est lui qui applique, qui « exécute » les lois et qui met en œuvre la politique courante de l’État.

Qui l’exerce?

Le Gouvernement
(Premier ministre et ministres), avec le président de la République.

Le pouvoir judiciaire

C’est lui qui contrôle que la loi est respectée par les citoyens et les administrations et qui sanctionne s’il y a des infractions.

Qui l’exerce?

La justice (juridictions de la justice judiciaire et administrative).

Cette séparation des pouvoirs crée une situation d’équilibre : elle empêche chacune des trois branches d’adopter et de faire appliquer seule le droit, afin que personne ne puisse en abuser.

Deux justices en France : la justice judiciaire et la justice administrative

En France, la justice est divisée en deux : la justice judiciaire et la justice administrative.

  • La justice judiciaire (tribunaux judiciaires, de commerce, cours d’assises, cours d’appel, Cour de cassation…) juge les conflits entre citoyens, entre organisations privées (entreprises, associations…), ou entre les citoyens et ces organisations privées.
  • La justice administrative (tribunaux administratifs, cours administratives d’appel, Conseil d’État) juge les conflits qui opposent les citoyens ou les organisations privées aux administrations (mairies, préfectures, services publics, hôpitaux publics, écoles, Gouvernement…).
Pour aller plus loin

En tant que magistrate au tribunal administratif, ma mission est de rendre la justice. Nous intervenons en premier ressort : concrètement, c’est à nous que va s’adresser un citoyen s’il a un litige avec une administration. Notre rôle est d’apporter une solution par le droit lorsque les parties n’arrivent plus à discuter. Tous ne peuvent pas être satisfaits, mais c’est une étape essentielle pour pacifier la société et garantir l’État de droit. Le magistrat est un juge de proximité. Tout d’abord parce que les matières qu’il traite affectent le quotidien des citoyens : travaux d’urbanisme, impôt sur le revenu, responsabilité d’un hôpital… Mais aussi parce qu’on peut le saisir facilement, grâce à Télérecours, et sans avocat dans la plupart des cas. Pour autant, le langage et le raisonnement juridiques peuvent sembler obscurs aux citoyens. Lors des audiences, tout en m’adressant aux juges, je cherche à expliciter aux citoyens le droit qui s’applique à leur situation, surtout quand ils n’ont pas d’avocat. Mon objectif est qu’ils comprennent mieux la décision qui sera finalement prise par les juges.

Le rôle du greffe, c’est d’accompagner les recours des citoyens, du dépôt à l’accueil du tribunal ou via Internet, jusqu’au jugement. À chaque étape, il garantit la solidité de la procédure. Nous aidons tout d’abord les citoyens à formaliser leurs demandes, à inclure toutes les pièces nécessaires pour que leurs recours soient complets et qu’ils ne soient pas rejetés dès cette première étape. Par cet appui purement formel, nous faisons gagner du temps à tout le monde : nous n’intervenons pas sur les questions juridiques mais nous permettons au débat de se concentrer sur le fond. Et lorsque c’est possible, nous suggérons la médiation, moins longue et parfois plus adaptée qu’un procès. Au cours de l’instruction et jusqu’à l’audience, les greffiers font vivre le principe du contradictoire : ils appuient les magistrats pour assurer la circulation des arguments entre les citoyens et les administrations mises en cause. Enfin, nous jouons un rôle d’information essentiel pour les citoyens : à l’issue d’un jugement, nous leur indiquons comment contester la décision s’ils l’estiment injuste.

Qui adopte la réglementation ?

Le Président de la République, le Gouvernement.

Les décrets, qui sont les actes les plus importants, sont signés par le Président de la République ou par le Premier ministre. Les arrêtés sont signés par les ministres dans leur champ de compétence.

Il existe aussi des réglementations locales, adoptées par les préfets ou par les élus locaux.

Comment est fabriquée la réglementation ?

Les décrets les plus importants sont examinés par le Conseil d’État. Comme pour les projets de loi, le Conseil d’État rend un avis juridique au Gouvernement. Il propose des modifications pour que les futurs décrets respectent le droit, qu’ils soient compréhensibles, applicables et cohérents avec les lois et les autres réglementations.

Le Gouvernement prend environ 2 000 décrets réglementaires par an, dont 1/3 est examiné par le Conseil d’État.

Qui vote les lois ?

Les députés et sénateurs. 

Comment sont fabriquées les lois ?

 Les députés et sénateurs débattent et votent la loi, sur la base de :

projets du Gouvernement, soumis obligatoirement au Conseil d’État pour avis,

propositions de parlementaires, examinées par le Conseil d’État si les présidents de l’Assemblée nationale ou du Sénat en ont fait la demande.

Il y a environ 50 lois votées par an. Les 2/3 le sont sur la base de projets de loi du Gouvernement, 1/3 sur la base de propositions de loi de députés et de sénateurs.

Découvrez le parcours d’une loi en 5 étapes !

Qui élabore le droit européen ?

Le droit européen est adopté par le Parlement européen, composé des députés européens élus par tous les habitants de l’Union européenne, et par le Conseil de l’Union européenne, qui regroupe les ministres des différents pays membres. 

Comment est fabriqué le droit européen ?

Les directives et règlements sont adoptés par le Parlement européen et le Conseil de l’Union, à partir de propositions de la Commission européenne. Il y a environ 25 réglements et 60 directives adoptés par an.

Qui a adopté la Constitution ?

Elle a été adoptée en 1958 par les Français par un référendum.

Comment est fabriquée la Constitution ?

Parce qu’elle établit les grands principes d’organisation du pays, la Constitution n’a pas vocation à être modifiée très régulièrement. Depuis 1958, elle a été modifiée à 24 reprises. Elle peut être modifiée à l’initiative du Président de la République ou des parlementaires.

• Le Président de la République peut proposer une modification de la Constitution : elle devra être adoptée par lAssemblée nationale et le Sénat puis approuvée par les Français par référendum ou par les trois cinquièmes des députés et sénateurs.

• Si la proposition de modification de la Constitution provient du Parlement, celle-ci ne pourra être adoptée que par référendum.