La mission particulière

du Conseil d’État :

examiner les futures lois

En plus de sa mission de juge suprême, le Conseil d’État s’assure que les futures lois préparées par le Gouvernement ou les parlementaires respectent le droit et nos libertés. Avant l’adoption par les parlementaires, il vérifie que les projets ou propositions de loi sont cohérents, clairs et applicables.

Garantir des lois efficaces
et
respectueuses de nos droits

Si la vie en société était un jeu, les lois en seraient les règles. Elles nous permettent de vivre ensemble, de prévenir ou de corriger des inégalités, ou encore de définir et de protéger nos droits et libertés. Comment s’assurer que les nouvelles lois soient claires pour toutes et tous et respectent les règles déjà en place ? Comment anticiper leur efficacité et s’assurer qu’elles auront un effet concret sur nos vies ? C’est précisément le rôle des avis juridiques du Conseil d’État. Avant qu’une loi ne soit débattue et votée par les parlementaires, le Conseil d’État l’examine et rend un avis.

Les conseillers d’État ont pour mission de vérifier tous les projets de loi du Gouvernement. Ils peuvent également analyser les propositions de loi des députés ou des sénateurs lorsque le président ou la présidente de l’Assemblée nationale ou du Sénat en fait la demande, avec l’accord du parlementaire à l’origine de la proposition. Les projets de réglementation – décrets – les plus importants du Gouvernement sont aussi examinés par le Conseil d’État.

En vérifiant que le Gouvernement et les parlementaires respectent le droit dans les projets et propositions qu’ils élaborent, le Conseil d’État préserve l’État de droit, l’intérêt général et les libertés des citoyens.

Qu’est-ce qu’une bonne loi ?

Une loi mal conçue peut avoir de lourdes conséquences dans la vie de tous les jours et sur le bon fonctionnement de la société. Mais qu’est-ce qu’une bonne loi ?

Dans ses avis, le Conseil d’État ne se prononce pas sur les choix politiques du Gouvernement ou des parlementaires, il vérifie trois critères essentiels pour s’assurer qu’une loi est bien construite.

Une bonne loi doit être…

CLAIRE

« Nul n’est censé ignorer la loi », mais la loi doit pouvoir être comprise de toutes et de tous. La clarté permet à chacun de connaître sans ambiguïté ses droits et ses devoirs.

Concrètement, c'est quoi une loi claire ?

Une loi indique que dans les zones résidentielles, la vitesse des automobilistes doit être modérée.

La loi ne précise pas la vitesse maximale et laisse trop de place à l’interprétation, ce qui peut mener à des infractions involontaires et nuire à la sécurité routière.

Une loi indique que la vitesse maximale dans les zones résidentielles est de 30 km/h.

La loi est compréhensible, les conducteurs savent quelle est la vitesse maximale à respecter.

COHÉRENTE

Une nouvelle loi ne doit pas contredire les lois existantes, sinon comment savoir quelle règle doit s’appliquer ? Elle doit aussi respecter la hiérarchie des normes et les règles comme la Constitution ou le droit européen qui garantissent nos droits et nos libertés fondamentales.

Concrètement, c'est quoi une loi cohérente ?

Une loi autorise l’installation d’usines polluantes près de cours d’eau, sans exiger des entreprises qu’elles évaluent leurs impacts sur l’environnement.

Cette règle contredit le principe de précaution et le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé, tous deux garantis par la Charte de l’environnement de 2004, intégrée à la Constitution.

Une loi limite l’utilisation des bouteilles en plastique dans les événements organisés par des établissements publics.

Cette loi s’aligne avec le principe de préservation de l’environnement garanti par la Charte de l’environnement de 2004. Elle favorise les comportements durables et permet de réduire la pollution plastique.

APPLICABLE

La loi doit pouvoir être mise en œuvre dans la réalité quotidienne des citoyens et des institutions. Seule une loi applicable peut avoir un effet concret et utile sur nos vies.

Concrètement, c'est quoi une loi appliquable ?

Une loi impose aux restaurants de calculer l’empreinte carbone de chaque plat, sans fournir de méthodologie standardisée ni d’outil ou de grille d’évaluation pour réaliser le calcul.

Sans aide ni ressources adéquates, les restaurateurs seront incapables d’appliquer la loi, ou ils l’appliqueront chacun de manière très différente.

Une loi impose aux restaurants d’afficher clairement les origines des aliments contenus dans chaque plat sur le menu.

En fournissant des directives claires et en contrôlant régulièrement les restaurants, cette loi peut être appliquée par les restaurateurs.

Les avis juridiques du Conseil d’État s’assurent que les futures lois respectent ces trois critères. L’objectif est de garantir que les citoyens ne se retrouvent pas devant des règles qui se contredisent ou qui n’ont aucun effet sur leur vie.

Comment sont élaborés les avis juridiques ?

Lorsque le Gouvernement ou le Parlement soumet un texte pour avis au Conseil d’État, le projet ou la proposition est attribué à la section consultative compétente sur le sujet. Par exemple, une proposition de réforme du calcul de l’allocation chômage sera attribuée à la section sociale, alors qu’un projet de loi sur l’impôt à la section des finances. Cette attribution garantit que les conseillers d’État qui se pencheront sur le texte sont experts du sujet. Et quand un texte aborde beaucoup de sujets différents, il est examiné collectivement par plusieurs sections.

Les conseillers d’État dialoguent avec l’administration ou les députés et sénateurs à l’origine du texte pour bien comprendre leurs intentions. Dans chaque avis, ils se demandent si le projet ou la proposition de loi répond vraiment aux problèmes qu’il propose de régler.

Apres une analyse approfondie, un avis est élaboré, débattu et adopté de manière collégiale au Conseil d’État. Repenser l’utilisation de tel mot ou telle phrase lourde de conséquences sur le plan juridique ou dans la vie réelle, réaliser une étude d’impact plus solide, supprimer un paragraphe qui ne respecte pas la Constitution… L’avis du Conseil d’État ne fait aucun commentaire d’ordre politique, il propose des solutions de rédaction, juridiques ou opérationnelles.

Les avis du Conseil d’État ont valeur de conseil : le Gouvernement ou les députés et sénateurs peuvent décider ou non de les suivre. Toutefois, dans la majorité des cas, les avis du Conseil d’État sont suivis.

Qui garantit l’efficacité et la légalité des projets de lois ?

Qui garantit l’efficacité et la légalité des projets de lois ?

Qui garantit l’efficacité et la légalité des projets de lois ?

Découvrez le témoignage d’un rapporteur d’une section consultative du Conseil d’État

Être rapporteur, c’est être un conseiller juridique. Je vais proposer des amendements, je vais alerter éventuellement sur des difficultés qui subsistent et je vais faire évoluer le texte si nécessaire en gardant toujours la même boussole : produire un texte qui est applicable et au service des gens.
Lionel FERREIRA, rapporteur au Conseil d’État
Pour aller plus loin

En tant que magistrate au tribunal administratif, ma mission est de rendre la justice. Nous intervenons en premier ressort : concrètement, c’est à nous que va s’adresser un citoyen s’il a un litige avec une administration. Notre rôle est d’apporter une solution par le droit lorsque les parties n’arrivent plus à discuter. Tous ne peuvent pas être satisfaits, mais c’est une étape essentielle pour pacifier la société et garantir l’État de droit. Le magistrat est un juge de proximité. Tout d’abord parce que les matières qu’il traite affectent le quotidien des citoyens : travaux d’urbanisme, impôt sur le revenu, responsabilité d’un hôpital… Mais aussi parce qu’on peut le saisir facilement, grâce à Télérecours, et sans avocat dans la plupart des cas. Pour autant, le langage et le raisonnement juridiques peuvent sembler obscurs aux citoyens. Lors des audiences, tout en m’adressant aux juges, je cherche à expliciter aux citoyens le droit qui s’applique à leur situation, surtout quand ils n’ont pas d’avocat. Mon objectif est qu’ils comprennent mieux la décision qui sera finalement prise par les juges.

Le rôle du greffe, c’est d’accompagner les recours des citoyens, du dépôt à l’accueil du tribunal ou via Internet, jusqu’au jugement. À chaque étape, il garantit la solidité de la procédure. Nous aidons tout d’abord les citoyens à formaliser leurs demandes, à inclure toutes les pièces nécessaires pour que leurs recours soient complets et qu’ils ne soient pas rejetés dès cette première étape. Par cet appui purement formel, nous faisons gagner du temps à tout le monde : nous n’intervenons pas sur les questions juridiques mais nous permettons au débat de se concentrer sur le fond. Et lorsque c’est possible, nous suggérons la médiation, moins longue et parfois plus adaptée qu’un procès. Au cours de l’instruction et jusqu’à l’audience, les greffiers font vivre le principe du contradictoire : ils appuient les magistrats pour assurer la circulation des arguments entre les citoyens et les administrations mises en cause. Enfin, nous jouons un rôle d’information essentiel pour les citoyens : à l’issue d’un jugement, nous leur indiquons comment contester la décision s’ils l’estiment injuste.

Qui adopte la réglementation ?

Le Président de la République, le Gouvernement.

Les décrets, qui sont les actes les plus importants, sont signés par le Président de la République ou par le Premier ministre. Les arrêtés sont signés par les ministres dans leur champ de compétence.

Il existe aussi des réglementations locales, adoptées par les préfets ou par les élus locaux.

Comment est fabriquée la réglementation ?

Les décrets les plus importants sont examinés par le Conseil d’État. Comme pour les projets de loi, le Conseil d’État rend un avis juridique au Gouvernement. Il propose des modifications pour que les futurs décrets respectent le droit, qu’ils soient compréhensibles, applicables et cohérents avec les lois et les autres réglementations.

Le Gouvernement prend environ 2 000 décrets réglementaires par an, dont 1/3 est examiné par le Conseil d’État.

Qui vote les lois ?

Les députés et sénateurs. 

Comment sont fabriquées les lois ?

 Les députés et sénateurs débattent et votent la loi, sur la base de :

projets du Gouvernement, soumis obligatoirement au Conseil d’État pour avis,

propositions de parlementaires, examinées par le Conseil d’État si les présidents de l’Assemblée nationale ou du Sénat en ont fait la demande.

Il y a environ 50 lois votées par an. Les 2/3 le sont sur la base de projets de loi du Gouvernement, 1/3 sur la base de propositions de loi de députés et de sénateurs.

Découvrez le parcours d’une loi en 5 étapes !

Qui élabore le droit européen ?

Le droit européen est adopté par le Parlement européen, composé des députés européens élus par tous les habitants de l’Union européenne, et par le Conseil de l’Union européenne, qui regroupe les ministres des différents pays membres. 

Comment est fabriqué le droit européen ?

Les directives et règlements sont adoptés par le Parlement européen et le Conseil de l’Union, à partir de propositions de la Commission européenne. Il y a environ 25 réglements et 60 directives adoptés par an.

Qui a adopté la Constitution ?

Elle a été adoptée en 1958 par les Français par un référendum.

Comment est fabriquée la Constitution ?

Parce qu’elle établit les grands principes d’organisation du pays, la Constitution n’a pas vocation à être modifiée très régulièrement. Depuis 1958, elle a été modifiée à 24 reprises. Elle peut être modifiée à l’initiative du Président de la République ou des parlementaires.

• Le Président de la République peut proposer une modification de la Constitution : elle devra être adoptée par lAssemblée nationale et le Sénat puis approuvée par les Français par référendum ou par les trois cinquièmes des députés et sénateurs.

• Si la proposition de modification de la Constitution provient du Parlement, celle-ci ne pourra être adoptée que par référendum.