La justice administrative,

comment ça marche ?

Tribunaux administratifs, cours administratives d’appel, Conseil d’État... les juridictions administratives sont présentes partout sur le territoire pour vérifier que les administrations respectent le droit. Découvrez comment les citoyens peuvent les saisir et comment les juges prennent leurs décisions.

Comment la justice administrative
rend ses décisions de justice ?

Juger au Conseil d’État

De l’instruction à la décision, découvrez concrètement comment les juges administratifs rendent leurs décisions à travers l’exemple d’un recours déposé par une association. Celle-ci estimait que l’État n’agissait pas suffisamment pour réduire la pollution de l’air.

Que regardent les juges pour prendre leurs décisions ?

Pour se prononcer, les juges instruisent le recours du citoyen et examinent ses arguments afin de déterminer si l’administration attaquée a agi de façon illégale.

Par exemple, si l’administration a mal interprété ou négligé une règle de droit, comme une loi ou un règlement européen. Ou encore si elle a restreint injustement des libertés en prenant des mesures de sécurité excessives. Les juges pourront aussi regarder si l’administration a manqué à ses obligations, par exemple si elle n’a pas agi suffisamment pour garantir l’accès à un service public ou la sécurité des citoyens.

Si les juges constatent que l’administration n’a pas respecté le droit, leur décision est contraignante, c’est-à-dire que l’administration est tenue de l’appliquer.

Et en cas d’urgence ?

Certaines mesures prises par l’administration ont des conséquences immédiates sur nos vies et doivent pouvoir être contestées en urgence. Par exemple, si le préfet interdit le déplacement des supporters dans une ville qui accueille un match de football samedi prochain ou si un maire interdit une manifestation prévue quelques jours plus tard.

C’est pourquoi il existe une procédure d’urgence appelée le « référé ». Lorsqu’un citoyen saisit le juge des référés du tribunal administratif ou du Conseil d’État, la procédure est simplifiée et le juge peut rendre sa décision de justice en quelques jours, voire en quelques heures si besoin.

Quelle juridiction saisir ?

En cas de désaccord avec une mesure d’une administration locale, comme une mairie, une préfecture ou un hôpital public :

il faut saisir le tribunal administratif le plus proche de son domicile. Il existe 42 tribunaux administratifs en France.

En cas de désaccord avec la décision des magistrats du tribunal administratif, il est possible de saisir une cour administrative d’appel. Il en existe neuf.

Après la décision de la cour administrative d’appel ou, dans certains cas, du tribunal administratif,  il reste un dernier recours : saisir le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative en France.

En cas de désaccord avec une mesure du Gouvernement ou d’une autre instance nationale (comme la CNIL ou l’Arcom), il faut saisir directement le Conseil d’État.

Dans tous les cas, la décision du Conseil d’État est définitive et ne peut être contestée.

Pour saisir un tribunal administratif, il n’est pas nécessaire d’être représenté par un avocat dans la majorité des cas. En revanche, c’est souvent obligatoire pour déposer un recours devant une cour administrative d’appel ou le Conseil d’État.

Deux juridictions spécialisées pour des demandes spécifiques

Si un étranger estime qu’il est gravement menacé dans son pays (à cause de son engagement politique, son genre, sa religion, d’une guerre…), et que sa demande d’asile a été refusée par l’administration :

  • il peut saisir la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).

En cas de désaccord avec les magistrats de la CNDA, il peut saisir le Conseil d’État.

Si une personne n’est pas d’accord avec un « forfait post-stationnement » (FPS, autrefois amende de stationnement) qu’elle a reçu de la commune où elle s’était garée :

  • elle peut saisir le tribunal du stationnement payant.

La justice administrative, c’est

+ de  4 000 personnes au service des citoyens
500 000 affaires jugées par an

Des juridictions administratives
partout sur le territoire

Limoges Poitiers Pau Bordeaux Nouvelle- Calédonie Polynésie française Wallis-et-Futuna Guyane Mayotte La Réunion Guadeloupe Martinique Saint-Martin Saint- Barthélemy Saint-Pierre- et-Miquelon Melun Montreuil Paris Orléans Cergy-Pontoise Versailles Toulon Nice Bastia Marseille Nantes Rennes Caen Lille Amiens Rouen Douai Montpellier Nîmes Toulouse Dijon Grenoble Clermont- Ferrand Lyon Châlons-en- champagne Besançon Strasbourg Nancy
Pour aller plus loin

En tant que magistrate au tribunal administratif, ma mission est de rendre la justice. Nous intervenons en premier ressort : concrètement, c’est à nous que va s’adresser un citoyen s’il a un litige avec une administration. Notre rôle est d’apporter une solution par le droit lorsque les parties n’arrivent plus à discuter. Tous ne peuvent pas être satisfaits, mais c’est une étape essentielle pour pacifier la société et garantir l’État de droit. Le magistrat est un juge de proximité. Tout d’abord parce que les matières qu’il traite affectent le quotidien des citoyens : travaux d’urbanisme, impôt sur le revenu, responsabilité d’un hôpital… Mais aussi parce qu’on peut le saisir facilement, grâce à Télérecours, et sans avocat dans la plupart des cas. Pour autant, le langage et le raisonnement juridiques peuvent sembler obscurs aux citoyens. Lors des audiences, tout en m’adressant aux juges, je cherche à expliciter aux citoyens le droit qui s’applique à leur situation, surtout quand ils n’ont pas d’avocat. Mon objectif est qu’ils comprennent mieux la décision qui sera finalement prise par les juges.

Le rôle du greffe, c’est d’accompagner les recours des citoyens, du dépôt à l’accueil du tribunal ou via Internet, jusqu’au jugement. À chaque étape, il garantit la solidité de la procédure. Nous aidons tout d’abord les citoyens à formaliser leurs demandes, à inclure toutes les pièces nécessaires pour que leurs recours soient complets et qu’ils ne soient pas rejetés dès cette première étape. Par cet appui purement formel, nous faisons gagner du temps à tout le monde : nous n’intervenons pas sur les questions juridiques mais nous permettons au débat de se concentrer sur le fond. Et lorsque c’est possible, nous suggérons la médiation, moins longue et parfois plus adaptée qu’un procès. Au cours de l’instruction et jusqu’à l’audience, les greffiers font vivre le principe du contradictoire : ils appuient les magistrats pour assurer la circulation des arguments entre les citoyens et les administrations mises en cause. Enfin, nous jouons un rôle d’information essentiel pour les citoyens : à l’issue d’un jugement, nous leur indiquons comment contester la décision s’ils l’estiment injuste.

Qui adopte la réglementation ?

Le Président de la République, le Gouvernement.

Les décrets, qui sont les actes les plus importants, sont signés par le Président de la République ou par le Premier ministre. Les arrêtés sont signés par les ministres dans leur champ de compétence.

Il existe aussi des réglementations locales, adoptées par les préfets ou par les élus locaux.

Comment est fabriquée la réglementation ?

Les décrets les plus importants sont examinés par le Conseil d’État. Comme pour les projets de loi, le Conseil d’État rend un avis juridique au Gouvernement. Il propose des modifications pour que les futurs décrets respectent le droit, qu’ils soient compréhensibles, applicables et cohérents avec les lois et les autres réglementations.

Le Gouvernement prend environ 2 000 décrets réglementaires par an, dont 1/3 est examiné par le Conseil d’État.

Qui vote les lois ?

Les députés et sénateurs. 

Comment sont fabriquées les lois ?

 Les députés et sénateurs débattent et votent la loi, sur la base de :

projets du Gouvernement, soumis obligatoirement au Conseil d’État pour avis,

propositions de parlementaires, examinées par le Conseil d’État si les présidents de l’Assemblée nationale ou du Sénat en ont fait la demande.

Il y a environ 50 lois votées par an. Les 2/3 le sont sur la base de projets de loi du Gouvernement, 1/3 sur la base de propositions de loi de députés et de sénateurs.

Découvrez le parcours d’une loi en 5 étapes !

Qui élabore le droit européen ?

Le droit européen est adopté par le Parlement européen, composé des députés européens élus par tous les habitants de l’Union européenne, et par le Conseil de l’Union européenne, qui regroupe les ministres des différents pays membres. 

Comment est fabriqué le droit européen ?

Les directives et règlements sont adoptés par le Parlement européen et le Conseil de l’Union, à partir de propositions de la Commission européenne. Il y a environ 25 réglements et 60 directives adoptés par an.

Qui a adopté la Constitution ?

Elle a été adoptée en 1958 par les Français par un référendum.

Comment est fabriquée la Constitution ?

Parce qu’elle établit les grands principes d’organisation du pays, la Constitution n’a pas vocation à être modifiée très régulièrement. Depuis 1958, elle a été modifiée à 24 reprises. Elle peut être modifiée à l’initiative du Président de la République ou des parlementaires.

• Le Président de la République peut proposer une modification de la Constitution : elle devra être adoptée par lAssemblée nationale et le Sénat puis approuvée par les Français par référendum ou par les trois cinquièmes des députés et sénateurs.

• Si la proposition de modification de la Constitution provient du Parlement, celle-ci ne pourra être adoptée que par référendum.